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KOUKOU Editions exclu du SILA !

Communiqué de presse

 

Les cagoulards de la censure ont encore frappé ! Le commissariat du Salon international du livre d'Alger (SILA) nous a notifié, par courrier électronique, l'exclusion de KOUKOU Editions de la manifestation prévue du 25 octobre au 4 novembre 2023. Motif invoqué : "dépassements constatés dans les publications contraires au règlement du SILA et que vous exposez sur votre stand", sans plus de précisions.

Depuis notre première participation à ce salon, en 2011, les seuls "dépassements" constatés sur notre stand ont été largement relatés par la presse :

En 2016 : notre stand a été saccagé durant la nuit précédant l'inauguration officielle, et des cartons de livres ont été dérobés. Après avoir constaté les dégâts, le Commissaire du Sila a présenté ses excuses et dédommagé KOUKOU Editions.

En 2018 : des individus se présentant comme "membres de la commission de lecture" ont tenté de saisir deux ouvrages ; sans décision de justice ni notification écrite, nous nous sommes opposés à ce coup de force en invoquant la loi, qui réserve le pouvoir de censure à la seule autorité judiciaire.

En 2022 : agissant sur "ordres supérieurs", un officier des douanes (?!) accompagné de plusieurs agents nous a notifié - verbalement - l'interdiction de 12 ouvrages, dont la plupart étaient pourtant exposés au SILA et vendus en librairie depuis plusieurs années. Par souci d'apaisement, nous avons accepté de retirer ces ouvrages du stand, en attendant une notification écrite, que l'officier s'était engagé à demander "aux responsables concernés". Après quatre jours d'attente, et n'ayant reçu aucun document officiel, nous avons décidé de remettre les livres litigieux sur le stand, et dénoncer par voie de presse ce qui s'apparente à une opération clandestine.

Pour cette année, les censeurs de l'ombre n'ont pas fait dans le détail. Un fonctionnaire du ministère de la Culture nous a informé que la décision d'exclure KOUKOU Editions émanait de la "Commission de lecture" chargée de contrôler les ouvrages proposés au public. Si la composition de cette commission relève du secret d'Etat, son triste palmarès est déjà très lourd. Assurés de l'impunité que confère l'anonymat, ses membres ont fini par révéler les éructations idéologiques qui ont motivé leurs pitoyables Fatwas. Des livres universellement controversés ont bénéficié d'une troublante tolérance ; comme "Mein Kampf" d'Adolf Hitler et les "Mémoires de Mussolini" publiés par un éditeur égyptien en langue arabe, qui occupent une place privilégiée au SILA depuis 2016.

Oscillant entre le sinistre et le grotesque, cette police de l'esprit avait interdit, en 2017, une biographie de Malcolm X, le leader noir américain pour les droits civiques, au motif qu'il s'agirait… d'un "livre pornographique" !

Alors que des auteurs salafistes qui prêchent l'intolérance, le racisme, la misogynie et la haine sont célébrés comme des références idéologiques à promouvoir, alors que des monstres du XXe siècle, coupables de crimes contre l'humanité, sont érigés en modèles de la pensée et de l'action politiques, des dizaines d'auteurs algériens parmi les plus respectés (écrivains, professeurs des universités, chercheurs, avocats, médecins, journalistes…) sont arbitrairement bannis du Sila. Dans ce climat d'inquisition, les forces liberticides qui ont investi l'appareil d'Etat à la faveur de la contre-révolution qui a brisé l'élan démocratique du Hirak ne s'encombrent plus de respect, même formel, de la légalité. Pourtant, l'article 54 de la Constitution est clair : "L'activité des publications ne peut être interdite qu'en vertu d'une décision de justice". En excluant KOUKOU Editions du SILA, et en interdisant ses livres en violation des procédures légales, les cagoulards du ministère de la Culture ont piétiné la loi fondamentale et usurpé les prérogatives de l'autorité judiciaire. 

Face à ces dérives récurrentes, la responsabilité du gouvernement est engagée : faire respecter la légalité en rappelant à l'ordre ses agents hors-la-loi, ou assumer l'opprobre que leurs fantasmes idéologiques ne manqueront d'engendrer.

Parce-que l'arbitraire se nourrit du silence résigné de ses victimes, nous sommes déterminés à user de tous les moyens légaux pour faire valoir nos droits d'éditeur et protéger nos libertés de citoyen.

 

Alger, le 23 OCTOBRE 2023

Arezki AIT-LARBI

 Directeur de KOUKOU Editions.

Tel : + 213 661 50 69 22

Site web : www. koukou-editions.com

 Facebook : https://www.facebook.com/koukou.editions

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Photo du rédacteurKoukou Éditions

Recension de Libertés, Dignité, Algérianité dans El Watan

Dernière mise à jour : 15 avr. 2021




Nous republions intégralement une recension de l'ouvrage Libertés, Dignité, Algérianité, du Pr. Mohamed Mebtoul, parue dans El Watan.


L’ouvrage Libertés, Dignité, Algérianité est un aboutissement majeur dans la trajectoire du professeur Mohamed Mebtoul. Ceux qui auront le bonheur de lire ce livre décapant constateront que depuis le début du mouvement du 22 février et au fil des vendredis, tout est soumis à la moulinette de l’anthropologue.


Du port du drapeau aux significations des mots d’ordre, en passant par les inquiétudes, les polémiques ou les interrogations, rien n’est laissé de côté.


En homme de terrain qu’il a toujours été, l’anthropologue Mohamed Mebtoul fait le plein de matériaux, chaque vendredi et chaque mardi, depuis le 22 février 2019 jusqu’au 2 septembre, date de la signature du manuscrit précédé par la dernière phrase de l’épilogue. «Le désir de libertés, de dignité et d’algérianité au cœur des pratiques sociales de la majorité des manifestants représente l’espérance pour construire la citoyenneté.»


Comme on peut le constater, cette belle chute reprend le titre de l’ouvrage qui se répartit en quatre parties bien équilibrées :


1– Avant le hirak : Incivisme et violence du politique (falsification de l’histoire, de la violence du politique, le pouvoir des uns et la marginalité des autres…)

2– Pendant le hirak : Désir de dignité, de liberté et de citoyenneté : (Lire le mouvement social par le bas, les significations du système dégage, quête de liberté dans l’espace public, émergence de la citoyenneté…)

3– Créativité, humour et détermination des jeunes (La maturité politique des jeunes stigmatisés, la symbolique du drapeau, un patrimoine politique créé par les jeunes…)

4– Les multiples détournements du pouvoir. (De la démission de Bouteflika à la répression comme une modalité du pouvoir, impasse politique : la défiance du pouvoir, de l’assignation à la quête d’une émancipation politique…)


Ainsi, au-delà de son caractère éminemment sociopolitique, le mouvement citoyen algérien s’impose, dans sa multidimensionnalité, comme un objet de connaissance. Pour cela, l’auteur nous conduit dans de grandes directions : le mouvement populaire du 22 février 2019 offre au monde l’un des contrastes les plus saisissants de l’Histoire. Ouvertement radical et fermement pacifique, il suscite enthousiasme, admiration et interrogations à travers le monde entier.


A un grand nombre de ces interrogations, l’ouvrage apporte des éléments de réponses étayées, fouillées, élaborées et surtout clairement formulées. Nous assistons à un «sursaut de dignité d’un peuple méprisé, réprimé, assigné à la marge…», comme le précise l’auteur qui consigne, semaine après semaine, les vibrations et les pulsations d’une société entière. Une société, à présent, affranchie des terreurs des appareils d’Etat, tant idéologiques que répressives, qui n’ont plus de prise sur la conscience collective, selon l’auteur. Il ressort de ses observations soutenues que les citoyens algériens manifestent ensemble dans une société où tout est fait pour les cloisonner, les museler, les diviser sur la question des croyances, du genre, de l’âge et de la stratification sociale.


L’ouvrage montre que nous nous trouvons devant le résultat ou l’aboutissement d’une longue et lente maturation sociétale qui prend ses racines dans la profondeur de la société algérienne, comme le démontre magistralement le professeur Mebtoul dans la première partie intitulée «Avant le hirak».

Revenant sur des repères et des balises historiques, sociologiques et anthropologiques comme le moteur de ce processus. Il nous décrit minutieusement une société qui attend depuis plusieurs décennies une issue à ses multiples espérances. Et c’est pour cela que nous sommes, depuis le 22 février 2019, face à une responsabilité collective multiforme, comme il le souligne.


La division des tâches dans ce mouvement citoyen, l’organisation de débats, la poursuite de la réflexion et la mise en place de mesures urgentes émanant des collectifs et des groupes de réflexion sont plus que diversifiées et gagnent en maturité. (La deuxième partie, «Désir de dignité, de liberté et de citoyenneté»).


L’ouvrage explore, avec patience, constance et persévérance trois grandes orientations :


1- Que dans la «la Révolution du sourire» la prégnance du politique fait suite à un mûrissement des mouvements sociaux qui ont capitalisé les traditions de lutte passées, syndicales ou autres, tout en intégrant les éléments qui font partie des avancées sociales telles que l’élévation du niveau d’instruction, l’amélioration du niveau de vie, ou encore le recours aux réseaux de communication.


2- Que ce mouvements citoyen du 22 février est donc, fondamentalement, le signe d’une élévation de la conscience sociétale, formulant de nouvelles exigences, articulant ou conjuguant le sociétal au politique sur fond d’attente ou d’espoir de construction d’une citoyenneté dans un Etat débarrassé d’une tutelle asphyxiante, suffocante et paralysante.


3- En décortiquant les mots d’ordre et les chansons sorties des stades, l’auteur montre que la dimension festive, qui est également prégnante dans les marches hebdomadaires, s’inscrit en faux sur toute velléité catastrophiste. Elle agit, au contraire, comme antidote à la violence. En exprimant jovialement de véritables attentes.


Ces attentes multiformes que l’auteur entreprend de lire, de déchiffrer, de décrypter, vendredi après vendredi en vue de les analyser afin de les comprendre. Un vigoureux travail de terrain que mène le professeur Mohamed Mebtoul en sa qualité d’anthropologue attentif, doublé d’un observateur averti du mouvement citoyen, porteur d’un horizon prometteur.

Par Rabeh Sebaa


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